Comment l’acheteur immobilier gagne sa place au paradis (en passant par l’enfer)

Par Fabrice Hamon

En immobilier aussi l’Amour rend aveugle ! Un petit Billet d'Humour sur votre pénible recherche du coup de cœur, en attendant que vous trouviez votre bonheur.

Acquérir un bien immobilier ressemble souvent à une expérience mystique.

La quête

Il y a d’abord la quête. La recherche. Un parcours virtuel, presque spirituel, à travers les sites d’annonces immobilières. Des centaines et des centaines d’annonces passées au crible de nos critères idéaux et utopiques, de nos exigences fabuleuses… Proximité tous commerces, écoles, transports en commun, et proche d’un bar sympa (et de la belle famille qui l’est moins, mais qui pourra toujours garder les enfants en cas de problème). Et puis une terrasse, un grand salon, une cuisine ouverte, une fenêtre dans la salle de bain, orienté plein sud et sans vis-à-vis… En plein centre-ville, mais sans voisins. Un appartement comme celui-ci, il n’en existe qu’un. Je le trouverai. Même si les voies des petites annonces sont impénétrables…

La révélation

Puis vient la révélation. Comme une apparition. Une page web qui saute aux yeux. C’est lui, c’est certain. La photo n’est pas de bonne qualité sur le site de l’agence immobilière, mais je reconnais la terrasse que j’ai vue en rêve. MA terrasse ! J’aperçois même un petit coin de MA cuisine ouverte… Des larmes coulent sur le papier sur lequel j’ai griffonné le numéro de téléphone de l’agent immobilier.

La longue route

Ensuite c’est l’heure de la longue route. C’est le temps des visites. Le contact avec la réalité. Il faut être fort. On découvre que la vraie vie ne ressemble pas du tout à un site d’annonces immobilières. Le soleil est plus pâle, il y a des nuages dans le ciel au-dessus de MA terrasse, les couleurs sont moins vives, et de curieuses odeurs s’échappent des salles de bains… Soit on perd la foi, soit on continue la route en martyr.

Le miracle

Pour les quelques élus qui ont poursuivi leur route, le miracle peut se produire ! Le coup de cœur ! L’Amour est entré par la cuisine ouverte. En immobilier aussi l’Amour est aveugle. Il n’y a pas de terrasse, mais un petit balcon. En l’aménageant convenablement on pourra même y caser deux pots de fleurs. Le commerce le plus proche est à plusieurs kilomètres… Qu’importe ! C’est lui, je le reconnais, cette fois. Il est à moi, je suis à lui ! Je suis prêt à m’engager à ses côtés pour la vie. À lui jurer fidélité éternelle… et à signer la promesse de vente !

Et si le Saint acheteur n’est pas un fin négociateur, il devra, comme d’autre Saints avant lui, faire vœu de pauvreté…